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Vie
de montfarvillais
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Le grand valet
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Je suis née
le 30 avril 1932 à Montfarville, sixième enfant
d'une famille nombreuse. Mon père a été
longtemps ouvrier agricole " grand valet" comme
il disait, c'est à dire il conduisait dans les champs
un attelage de plusieurs chevaux, pour les labours et les
différents travaux des champs. Ma mère restait
à la maison pour nous élever correectement
malgré le peu de moyens dont elle disposait. Plus
tard, mon père a été empoyé
à la commune (garde champêtre, fossoyeur)
cela allait mieux à la maison.
Je suis rentrée à l'école communale
de filles à 5 ans. J'y suis restée jusqu'à
14 ans. Je peux donc parler de la vie de l'école
pendant cette période.
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Tous les enfants y allaient
à pied et n'étaient pas toujours bien protégés
du mauvais temps, chaussés de "galoches"
à semelle de bois, lourdes et quelquefois inconfortables,
et d'une cape en lainage, bleue ou noire avec capuche;les
garçons en culottes courtes, chaussettes de laine
et béret, les filles en robes, "guêtres"
de gros tissu l'hiver et bonnet de laine. Et tout ce petit
monde avec des blouses grises ou noires pour les garçons
de couleurs différentes pour les filles.
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Galoches
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Les classes étaient
chauffées par des poëles à bois qu'on
rallumait tous les matins.Les tables de bois attachées
aux bancs étaient à deux places. dans certaines
classes, il restait une ou deux longues tables sans dossier,
assez près du bureau et du tableau, pour les mal-voyants
et les dissipés.
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On écrivait à
la plume et à l'encre violette distribuée
dans les encriers, par les grands élèves (deux
encriers de porcelaine blanche par table d'écolier).
A l'école des filles,
il y avait deux cours de récréation, deux
préaux avec des crochets pour accrocher les manteaux
ou capes. D'un coté, c'était la cour des petites
(CP - CE) de l'autre, la cour des grandes (CM- certificat
d'études). Au fond de la cour, les toilettes ou plutôt
les cabinets à sièges en bois qu'on vidait
tous les ans.
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On montrait ses mains en entrant
dans la classe. Il ne fallait pas
sortir ses cahiers et ses livres! La
classe commençait le matin, par une leçon
de morale, ou d'instruction civique (pour les grands). Puis
la maîtresse distribuait le travail. tout le monde
devait être occupé même si elle s'occupait
spécialement d'une section. On travaillait seuls
assez longtemps;gare aux paresseux!à ceux qui n'avaient
pas bien compris, la maîtresse réexpliquait
et ils repartaient;Elle en gardait quelquefois le soir,
après l'école, en punition ou en rattrapage
(avec accord des parents) Les
punitions étaient les retenues le soir, des exercices
(Bled) des lignes, des petits "mots" aux parents.
Mais pour beaucoup, il fallait
rentrer rapidement. Les enfants de fermiers pour aider aux
travaux des champs, s'occuper des bêtes. Les filles
pour aider leurs mères.
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Les jeux à l'école
étaient restreints, d'autant plus que les cours
étaient petites. On jouait au chat perché,
à la ronde, à la balle, à la marelle,
aux billes etc..cordes à sauter...
il n'y avait pas de terrain de sports scolaire;pas de
fête scolaire, pas de Noël à l'école
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jeu de billes
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Noël
dans des familles aisées
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Certaines familles assez
aisées, fêtaient Noël. Les enfants avaient
leur arbre, des friandises, des jouets. Les autres enfants
des familles pauvres avaient une friandise (souvent une
orange) les plus petits une petite peluche ou une poupée,
les plus grands un jeu de société pour deux
ou trois (damier, cartes, jeu de l'oie, des petits chevaux)
ou un ballon ou une corde à sauter ou des quilles.
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On sortait de l'école
vers 13 ou 14 ans, avec ou non le certificat d'études.
Pendant l'occupation, nous avions moins d'heures d'école,
les allemands ayant réquisitionné les classes
pour loger les soldats. Nous allions en classe dans des
grandes salles à manger des habitants, que le maire
avait réquisitionnées. Les garçons
le matins, les filles l'après-midi ou inversement.
Je pense que les maîtres s'en tenaient aux matières
essentielles : lecture, calcul et français.
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J'avais toujours rêvé
d'être "maîtresse d'école",
je n'y croyais pas trop car mes parents n'avaient pas
les moyens comme on disait alors. Mais, j'ai eu la chance
d'avoir une maîtresse Mme S. qui m'a fait avoir
les "bourses" et qui a persuadé mes parents
que je pouvais y arriver. alors ils se sont décidés
(les allocations familiales avaient été
crées) et ont économisé un peu plus
pour favoriser mon rêve. Je suis donc rentrée
au Cours Complélentaire de jeunes filles de Périers.
J'y ai obtenu mon brevet à 16 ans et je suis rentrée
à l'école Normale d'institutrices de la
manche, après avoir préparé et passé
le concours d'entrée.
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