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Madeleine
une lavandière de Montfarville
Une lavandière de t'cheu nous
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photos
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Madeleine
était une lavandière, l'aînée
d'une modeste famille. Elle dut travailler chez les autres
dès 13 ans. Elle se montra courageuse et avisée.
Elle avait le sincère désir de contenter ses
patrons. Ces derniers se débarrassaient des petites
et grandes corvées et la gamine qu'était Madeleine
n'occasionnait pas une lourde dépense.
Enfance
de Madeleine
Elle quitta l'école
à 13 ans le 13 juillet et le 14 juillet elle travaillait
chez les gens. Elle avait en charge de s'occuper de 4 enfants
très gentils à Réville. " Je fus
heureuse pendant 2 ans, je les levais, les habillais et
leur donnais à manger, je mangeais avec les enfants
à la table des patrons. " Avec les enfants elle
regardait la mère traire les vaches. Et elle eut
envie d'aider la patronne. Elle adora traire les vaches.
Et hélas elle eut l'idée d'en parler à
sa propre mère.
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Un noble d'Anneville en Saire
cherchait un ménage pour traire les vaches. C'est
ainsi qu'elle y travailla avec sa mère " ce
n'était pas la joie, je fus coupée de tout
le monde, il y avait 14 vaches à traire. C'est alors
que ma mère tomba enceinte, donc le Châtelain
me donna une personne pour m'aider à traire pendant
que maman se rétablissait. Au bout de 2 ans elle
retomba enceinte, mais je dus me débrouillais toute
seule avec les vaches durant son mois de rétablissement.
Ma tante Berthe s'occupait de mes frères et surs,
elle habitait à coté de la maison. Je m'occupais
aussi d'abreuver les petits veaux et de soigner deux cochons.
"
" Au bout de trois ans, ma mère ne pouvait plus
traire les vaches et s'occuper de mes frères et surs
et ma tante devenait vieille, alors fin mai, elle dit au
patron que ce n'était plus possible. Ce dernier aurait
voulu que je fasse le travail pour deux. Même si on
était logés et qu'on nous donnait une corde
de bois je ne pouvais faire le travail de deux personnes.
Et comme le logement appartenait au patron, nous avons du
déménager ".
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Elle retrouva une autre place
sur la route de Gatteville . Elle ne resta qu'un an. "
La patronne très mauvaise avait du mal à garder
les bonnes, elle en avait eu 11 avant moi " madeleine
y faisait le ménage et trayait 7 vaches. " Le
patron était bon comme du bon pain. Il était
malheureux.. Le dimanche après le repas j'allais
voir mes parents. "
Puis elle fut engagée
dans une ferme pour 3 ans pour traire 10 vaches et 60 cochons
à engraisser. " Je me levais à 5 h du
matin. Tous les matins il fallait nettoyer 17 burets. Je
dormais dans une chambre au-dessus de la cuisine, une chambre
bien grande et bien froide.
Au bout de trois ans le laitier me dit " pauvre petite
tu ne vas pas rester là, je connais une bonne place
où tu n'auras que 7 vaches à traire "
Je me plaisais bien à la ferme même si j'avais
de la misère "
" Donc je me plaçais chez une dame de Ste Geneviève
dont le mari était prisonnier. Je me plaisais bien,
mais les gens m'avaient monté la tête, Ils
étaient jaloux, car on s'entendait à la perfection.
Vous verrez quand le patron rentrera, il n'est pas facile.
"
" Alors elle me proposa de travailler chez sa mère
dont la bonne se mariait. Je n'étais pas chaude avoir
trois patrons sur le dos (mère fils et fille) mais
c'est la mère qui commandait " Elle y resta
trois ans. Et c'est là qu'elle connut son mari. "
J'ai eu 5 enfants et j'en ai perdu un d'une maladie enfantine
(cette année là beaucoup d'enfants sont décédés
d'un genre de choléra. "
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En
toutes saisons, une lavandière devait en premier
lieu apporter le linge au bord d'un cours d'eau ou dans
un lavoir public. À genoux sur une pierre plate ou
sur le bord incliné du lavoir, elle jetait le linge
dans l'eau, le frottait, le rinçait et le tordait
en le pliant plusieurs fois. Elle le battait ensuite avec
un battoir en bois pour l'essorer au maximum. Finalement
elle plaçait le linge essoré dans un panier
ou une brouette pour l'amener vers le lieu de séchage.
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Pendant plus de 13 ans Madeleine
devint l'une de ces lavandières, une des figures
les plus consciencieuses de Valcanville.
En ces temps là, les hommes portaient tous une chemise
blanche, même aux champs et les femmes une camisole
à demi-manches, blanche aussi.
Chaque maison recelait une montagne de draps, de taies,
de torchons et de mouchoirs. On a du mal à imaginer
cela maintenant que la mode est de vivre au jour le jour.
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Métier
de lavandière
Elle fut lavandière à 27 ans et habitait
un ancien moulin. Elle lavait le linge de 17 familles.
La rivière qui se jetait dans la Saire près
de la maison lui permettait de transporter les gros sacs
de linge sans soucis. Ce lavoir pouvait accueillir 4 lavandières.
Elle se retrouvait souvent avec sa voisine pour laver.
Ce lavoir n'avait pas de pierre en ciment, elle avait
donc sa boîte à laver.Le lundi on lui apportait
des sacs de linge courant qui devaient être restitués
le samedi. Pour les petites quantités, le linge
était prêt avant.
Première chose qu'elle faisait : trier le linge,
puis le linge était trempé dans l'eau tiède
avec un peu de lessive, un torchon séparait le
linge d'un client et d'un autre. Elle laissait macérer
le linge toute la nuit ; Le blanc était bouilli,
dans des lessiveuses. Par beau temps la lessiveuse était
mise dehors dans la courette de la maison,
" le linge suait " La véritable lessive
s'effectuait le lendemain. Il s'agissait d'une besogne
harassante qui rompait les bras et endolorissait les reins..
Un sachet contenant 2 ou 3 boules de bleu, plongé
dans l'eau de rinçage rendait le blanc étincelant.
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Le linge était lavé
et séché dehors avec plusieurs détentes
ou à l'intérieur près du feu en hiver
et parfois à la demande du client repassé.
Il était repassé avec des fers en fonte
légers chauffés sur un petit gaz..
" Ce n'était pas mon métier mais cela
m'aidait bien surtout que mon mari ne gagnait pas beaucoup
en tant qu'ouvrier agricole " Elle se mettait en
chemin avant la pointe du jour. Madeleine recevait le
salaire de ce travail le samedi quand on venait chercher
le linge, le prix ne dépendait pas du nombre de
pièces mais du bon vouloir des patrons. Plusieurs
fois elle s'est fait truander.
Le linge venait de Pépinvast, de Barfleur du Vicel,
de maisons ou de fermes et là " c'était
moins gai " nous dit Madeleine. " Les chemises
étaient très sales puisque les fermiers
ne se changeaient pas tous les jours. Là où
j'ai eu le plus de mal, c'est quand je lavais le linge
de cinq fermiers, la mère le père et les
trois enfants, ils travaillaient dans les champs et trayaient
" je lavais aussi les draps d'une personne souvent
des draps d'enfants. Le volume de linge donc variait selon
les familles, le nombre d'enfants et la profession.
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" Nous étions
petitement logés et nous avons du changer de maison,
la rivière était plus loin, je prenais du
coup la brouette " je mettais mon bac " cabasson
" garni de paille dans la brouette avec mon linge qui
avait déjà trempé dans l'eau tiède.
Madeleine passait ses journées à savonner
avec du savon de Marseille, à brosser et à
rincer. Mais elle avait une force terrible dans ses mains
et avec sa brosse en chiendent, aucune tache ne lui résistait.
A travers le linge on pouvait
connaître l'histoire de la famille " certains
étaient plus soigneux que d'autres "
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Il y eut une année
où ce fut terrible quand le linge était rincé
à la rivière on le tordait et on le mettait
sur les cailloux et il gela cette année, d'ailleurs
les poissons gelèrent. L'onglée de ses doigts
violacés s'aggrava en engelures crevassées.
Ce travail de lavandière a duré 13 ans.. "
J'ai arrêté car il était de plus en
plus difficile de garder la petite dernière et de
laver au bord de la rivière qui était dans
ma deuxième maison plus loin ".
J'ai lavé en dernier le linge de la maîtresse
d'école du petit Vicel et le mari de la maîtresse
d'école m'aidait à transporter le linge, il
était gentil "
J'ai appris le métier dans ma famille puisque j'étais
l'aînée de 5 enfants.
Quand je lavais le linge, je donnais de l'ouvrage à
mes enfants. Je donnais à trier le linge à
ma plus grande qui avait 8 ou 9 ans, elle triait les mouchoirs
et les torchons et les repassait. " c'était
normal que les enfants aident les parents. Ma deuxième
fille avait pour tache parfois de cirer les chaussures.
Quand j'étais dans la deuxième maison, il
y avait le fer électrique "
Puis quand je suis arrivée
à Montfarville, je faisais tremper ou bouillir le
linge la veille, je le mettais dans un sac en plastique
et je le ficelais sur mon solex et j'allais le battre au
lavoir sur la route de Barfleur. J'allais le soir et il
n'y avait personne. Je lavais pour 5 personnes et l'été
je faisais 9h de ménage
Si la radio d'un village se tenait au lavoir ou à
la rivière, Madeleine s'arrangeait d'y être
à l'aube ou le soir pour effectuer sa besogne. D'une
nature très discrète, les ragots ne l'intéressaient
pas.
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