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La lavandière était aussi
appelée la lessivière quand la lessive en
ville se pratiquait dans les buanderies propriétés
privées comprenant la pucherie, les lavoirs, les
locaux de stockage, le séchoir.
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Il y a encore quelques dizaines
d'années, les rivières du Val de Saire retentissaient
encore du bruit des battoirs des lessivières. Il
ne reste plus de ces grandes demeures à Montfarville
où on travaillait à la buanderie.
Trois catégories de personnes travaillaient à
la buanderie :
- des employées du propriétaire
de la buanderie, femmes salariées, payées
à la semaine.
- des maîtresses lessivières
(grosses loutières) qui avaient leurs propres
pratiques (ou clients). Elles louaient à l'année
leur place au lavoir, quelques dizaines de mètres
d'étente ou de séchoir, un petit local pour
stocker le linge et le matériel. Elles achetaient
des seaux de lessive et faisaient bouillir. Leur indépendance
vis à vis du propriétaire était totale.
- des particulières (ou petites
loutières), femmes habitant le quartier qui
venaient une ou deux fois la semaine avec une brouette sur
laquelle s'entassaient : hotte, battoir, seau, savon,
lessive, linge... C'était parfois des femmes de ménage
qui lavaient pour le compte de leur employeur.
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En début de semaine,
le patron ou la patronne, ramassait le linge de leur clientèle.
Certains faisaient cette tournée à l'aide
d'une charrette tirée par un cheval, pour 'd autres
à l'aide d'un "camion", charrette à
bras sous laquelle était attelé un chien qui
aidait à tirer la charge. Chaque cliente avait un
carnet sur lequel était détaillé le
linge donné à laver.
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I-La
pucherie,
local situé à proximité du lavoir ;
on y trouve :
-la cuve, sorte de baquet en bois de 2,50 à 3 mètres
de diamètre de 1,30 mètres de profondeur et
surélevé de 0,60 mètre par rapport
au sol,
-la timbale, récipient en cuivre d'une contenance
de plus de 400 litres, dans lequel l'eau de lessive était
portée à ébullition,
-les tréteaux pour égoutter le linge.
Le linge était
1) trié : blanc qui
pouvait -bouillir, couleur lavée à l'eau froide.
2) trempé
(ou échangé) dans une eau de lessive chaude
additionnée de copeaux de savon râpé
avec une râpe, puis sommairement brassé,
3) bouilli, le linge était
ficelé en paquets munis d'une marque (cheville de
bois, pièce de monnaie, rondelle....) ces paquets
étaient appelés loups. Les loups étaient
couchés dans la cuve par la patronne ; celle-ci,
pour descendre dans la cuve, utilise des sabots de bois
réservés à cet usage. L'eau additionnée
de cristaux de soude (lessive Solvay) était miss
à chauffer dans la timbale. Un bouquet de laurier
mis dans une pouque, sorte de sac de toile d'emballage était
ajouté à l'eau (d'autre mettaient la pouque
avec le linge dans la cuve L'eau était puisée
dans la timbale à l'aide d'un pucheux, encore appelé
hollandaise, sorte de seau de 8 litres muni d'un long manche.
On arrosait alors le linge d'abord d'eau de lessive froide,
puis chaude. Après s'être écoulée
lentement à travers le linge, la lessive était
récupérée dans un baquet au moyen d'une
ouverture pratiquée en bas de la cuve, puis remise
à chauffer.
Cette opération s'appelait pucher le linge. Opération
longue et pénible car il fallait verser sur le linge
environ 30 fois la valeur de la timbale; aussi après
sa journée de travail le mari venait souvent aider
au puchage. Les loups refroidissaient la nuit dans la cuve,
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II-Le
lavoir : Il était installé le long
de la rivière :
Il était couvert et pouvait accueillir jusqu'à
une dizaine de personnes. A ma connaissance il y avait
quatre lavoirs qui accueillaient les lessivières
montfarvillaises. Celui de la mare ou mer barrée
situé au cap, celui de la planque qui n'existe
plus appartenant à Barfleur mais où les
lessivières du hameau des Roches venaient, celui
de la Bouillonnière très petit et celui
sur la route de Barfleur très fréquenté,
actuellement recouvert de ronces.
Les employées travaillaient groupées près
de la pucherie dans un endroit qui leur était réservé.
Les maîtresses lessivières avaient leur place
attitrée et il ne faisait pas bon qu'une intruse
s'en empare. Certaines avaient le verbe haut et un langage
coloré.
Les particulières se plaçaient à
leur convenance aux places libres.
Les loups étaient répartis entre les employées
qui rinçaient le linge à l'eau courante,
agenouillées dans une hotte garnie de paille ou
d'un coussin.
A la pucherie il était d'usage, pour les réconforter
de leur apporter du cidre chaud dans lequel elles trempaient
une croûte de pain. Dans d'autres endroits elles
allaient au café-épicerie voisin prendre
un café bien "coiffé".
Le niveau de la rivière n'étant pas constant,
il fallait parfois utiliser des ponts, sorte de planchers
qui permettaient de surélever les hottes.
Le dernier rinçage se faisait dans une eau bleuie
à la boule à bleu.
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III-L'installation
de séchage : à la belle saison le
linge était mis à sécher dans un
pré, l'étente, sur des cordes tendues entre
des peupliers têtards, émondés chaque
année et les fagots ainsi fournis servaient à
allumer le feu sous la timbale. Par mauvais temps le séchage
avait lieu dans un séchoir aux parois formées
de lames basculantes pour créer des courants d'air.
Le linge était livré, séché
et plié, mais non repassé. E repassage était
l'affaire d'un autre corps de métier.
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