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La côte des vikings



De René Lepelley

suite à la promenade du 19 septembre 2015
et découverte du patrimoine par Eliane Deville

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LA COTE DES VIKINGS:
Toponymie des rivages du Val de Saire (Manche)
Depuis déjà plusieurs décennies, les spécialistes de toponymie normande se sont penchés sur les nombreuses traces de l'ancienne largue Scandinave que l'on peut relever en Normandie. Mais ce qui a été le plus étudié, ce sont les noms des communes (ou des paroisses quand il s'agit de l'Ancien Régime). Or, si ces toponymes montrent bien quelle a été l'implantation des Scandinaves au Xe siècle dans telle ou telle région, ils ne font généralement pas apparaître l'activité de ces nouveaux occupants du sol.
On constate en effet que, le plus souvent, les éléments qui les constituent sont ou bien des uoms propres de personnes, ou bien des noms communs se rapportant à l'habitat ou à la description du sol. Il n'est certes pas sans intérêt de savoir qu'un Scandinave nommé Anquetil a possédé autrefois Anctoville (" le domaine d' Anquetil ") et un autre du même nom Anquetot (de topt " village "), ni qu'une église s'élevait à Carquebut (de kirkja, " église " et budh, " abri"), qu'un cours d'eau froid arrosait Caudebec (de kald, " froid " et bekkr, " cours d'eau "), qu'un bois de chênes s'étendait sur l'actuel territoire d'Yquelon (d'eik, "chêne", et de lundr, "bois"), ou qu'une falaise surplombait Verclives (de cliff, " falaise ").

Mais, à vrai dire, du moins du point de vue linguistique, les anthroponymes ne présentent qu'un intérêt limité. Les noms communs nous en apprennent sans doute davantage, car s'ils ont été conservés dans les noms de lieux, c'est que les populations les ont largement utilisés. Il est rare cependant qu'ils constituent un vocabulaire cohérent évoquant une certaine activité. Or c'est ce que nous avons trouvé dans la microtoponymie des côtes du Val de Saire, ce coin nord-est du Cotentin dans la Manche. L'examen des lieux-dits de cette région, ajouté à celui des noms de communes, nous a permis non seulement d'y reconnaître la présence des Vikings, mais aussi de retrouver leurs préoccupations de navigateurs. Qu'il s'agisse des formes ou du relief du pays qui leur fournissaient des points de repères, du dessin de ses rivages, du choix dès points où l'on peut accoster facilement ou seulement mouiller son bateau, la toponymie d'aujourd'hui nous aide à suivre les mouvements de ces lointains envahisseurs, même lorsque des transformations de noms plus ou moins fantaisistes cachent le sens originel de certaines appellations .

Pour cette étude, nous nous sommes limité aux toponymes d'origine au moins partiellement Scandinave localisés sur les rivages mêmes, au large immédiat de ces rivages et sur une bande de terrain n'excédant pas un kilomètre de profondeur. Nous avions en effet constaté qu'au delà de cette distance le nombre de ces noms de lieux diminuait de façon très sensible.
Afin d'apprécier la place que peut occuper cette portion de côte sur l'ensemble littoral de la Normandie, nous avons d'abord entrepris de rechercher tous les toponymes d'origine Scandinave dans la bande côtière ainsi définie depuis l'embouchure de la Bresle, à la limite de la Picardie, jusqu'à celle du Couesnon, à la limite de la Bretagne, soit sur une longueur d'environ 600 kilomètres (1). Nous avons alors constaté que, dans l'ensemble, les côtes normandes présentaient peu de traces Scandinaves, à l'exception du nord du Cotentin où, au contraire, elles abondent. Plus exactement, ce " cordon littoral scandinavisant " s'étend sur 75 kilomètres, de la presqu'île de la Hougue (Saint- Vaast-la-Hougue, cant, de Quet- tehou) au Nez de Jobourg (Jobourg, cant, de Beaumont-Hague). Mais une partie de cette portion de côte, longue seulement de 37 kilomètres, se distingue particulièrement à la fois par la densité et par la cohérence des traces laissées par les navigateurs vikings ; elle borde, comme nous le disions plus haut, la plus grande partie du Val de Saire, de la Hougue à la Pointe du Brick, ou plus exactement à l'Anse du Poulet qui lui fait suite (2).
Avertissement
Dans la présentation des étymons d'ancien Scandinave, on trouvera les formes issues de ceux-ci dans les langues Scandinaves modernes, lorsque ces formes ont des rapports directs avec celles des toponymes de Normandie. Mais on ne se référera pas à la toponyme Scandinave parce que celle-ci présente une différence essentielle par rapport à la toponymie scandinavo-normande : dans la première, les noms de lieux sont constitués de mots indigènes, tandis que dans la seconde ils sont formés, au moins partiellement, d'éléments étrangers à la langue du pays. Par contre, on comparera, quand ce sera possible, les toponymes normands à ceux de la Grande-Bretagne, puisque la toponymie anglaise est formée, elle aussi, dans certains cas, d'éléments Scandinaves étrangers à la langue (aux langues) du pays.


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