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REVILLE
On
voit dans cette église plusieurs tableaux de Guillaume Fouace.
Le meilleur, placé récemment dans la chapelle des Fonts
baptismaux, représente un Baptême à Réville
(celui de l'artiste lui-même, dit-on). Il est d'une vérité
frappante, finement observé et de main de maître exécuté.
Rien n'y manque, pas même le parapluie de famille accoté
contre un pilier, ni le vaste panier où s'entassent les "
coffins " de dragées !
Dans le cimetière de Réville, un superbe marbre blanc,
le Dernier sommeil, provoque toujours l'admiration des visiteurs.
C'est l'uvre de Fouace, quand il perdit sa fille Béatrix,
âgée de 15 ans. En contemplant cette belle jeune fille
qui semble dormir, il est impossible de ne pas se rappeler les vers
de Lamartine :
Oh ! dis, fleur que la vie a fait si tôt flétrir,
N'est-il pas une terre où tout doit refleurir ?
Guillaume Fouace (1837-1895)
EXTRAITTS DE CHARLES
BIRETTE " LE VAL DE SAIRE ILLUSTRE "
Guillaume-Romain Fouace naquit le 21 mai
1837 au hameau de Jonville situé à la pointe de Réville.
Fils de modestes cultivateurs, il fréquenta l'école
communale jusqu'à 15 ans et s'adonna aux travaux agricoles
jusqu'à 30 ans. Il s'amusait à crayonner, en ses heures
de loisirs et sans études préalables, des marines, des
paysages, des scènes rustiques.
Au château de Réville on remarqua ses premiers essais.
Le jeune Fouace fut signalé à M. Henry, conservateur
du Musée de Cherbourg, et vint dans cette ville où il
habita la rue du Bassin.
M. Henry lui fit copier plusieurs tableaux, modeler une statuette
en terre cuite, et reconnut en ce paysan un artiste plein d'espérances.
Il obtint de la municipalité cherbourgeoise un secours de 400
francs, auquel la famille ajouta 200 francs. Avec cette modique somme,
Fouace partit pour Paris et y vécut six mois, copiant au musée
de Versailles un portrait de Vauban et un tableau du Guide.
A bout de ressources il revint à Réville. La ville de
Cherbourg lui vota un secours de 600 francs, et il repartit pour Paris.
Il entra à l'atelier d'Yvon, suivit aussi les cours de l'école
devenue dans la suite L'Ecole des arts décoratifs, et fut admis
au Salon dès 1869.
La guerre vint interrompre ses travaux. II les reprit ensuite avec
plus d'ardeur, obtint une mention honorable en 1881, une médaille
de 3e classe en 1891, une médaille de 1ere classe en 1893.
Fouace excellait surtout dans les " natures mortes " ; mais
il ne consentit jamais, en dépit de quelques rivaux, à
se renfermer dans ce cadre restreint. ," Je fais ce que je veux
! " Disait-il aux jaloux. En véritable artiste, il ne
suivait que son inspiration et son bon goût. Or il a réussi
dans tous les genres.
Il eut plusieurs grandes joies dans les dernières années
de sa vie. La première, en 1888, lorsque le directeur des Beaux-Arts
lui proposa l'acquisition d'un de ses tableaux, en lui faisant espérer
le Luxembourg mais la toile était déjà vendue.
L'année suivante, le président Carnot marquait son admiration
devant le Déjeuner de Carême, et la direction des Beaux-Arts
achetait l'uvre pour la salle à manger de l'Elysée
(elle se trouve aujourd'hui au Musée de Cherbourg). En 1890
et 1891. Fouace entrait au Luxembourg avec Ma pêche et Jours
gras.
Cependant un grand deuil était venu assombrir son foyer. Il
avait eu la douleur, en 1888, de perdre sa fille aînée
Béatrix, âgée de 15 ans à peine. C'est
alors que de peintre s'était fait sculpteur en exécutant
pour son tombeau le marbre que l'on admire dans le cimetière
de Réville. Ce marbre, sous le nom de Dernier sommeil, obtint
une mention de sculpture en 1890.
Guillaume Fouace mourut le 7 janvier 1895, enlevé prématurément
par une congestion pulmonaire, au moment où il allait recevoir
la Légion d'honneur. Son corps repose à Réville,
près de la mer qu'il aimait, dans le tombeau sur lequel il
avait gravé l'image de sa fille.
Ce " bon géant ", comme on l'a nommé, avec
son front carré et sa figure expressive encadrée d'une
large barbe, fut non seulement un grand artiste, mais aussi un grand
cur. " II était resté simple, franc, communicatif
avec ses vieux amis d'enfance, qu'il revenait voir chaque année,
sans façon, dans leurs chaumières. Cet homme était
l'orgueil de Réville, et sa mort y a causé un grand
deuil. Sa mémoire est dans les curs de tous nos paysans
et marins, qui se plaisent à raconter les moindres détails
de sa vie au milieu d'eux "
ELISABETH DOZIERE, nièce de CHARLES BIRETTE