DOLPO
UNE PROVINCE HORS DU TEMPS
En 1995, 485 voyageurs visitaient le Dolpo dont 102 français,
durant la même période 39 764 dont 2740 français
faisaient le Tour des Annapurna
Le Mustang recevait la visite
de 768 voyageurs et le Manaslu 708.
Ce voyage va nous permettre de vivre loin de tout. Ce sera l'occasion
de nous enfoncer dans un Népal à l'écart des
sentiers battus. Normalement, le Dolpo reste largement protégé
des pluies de la mousson qui arrosent la plupart des vallées
népalaises. Le massif du Kanijiroba 6883m qui s'élève
dans le prolongement du mont Kailash, coupe la région du grand
plateau tibétain et renforce son isolement. Le Dolpo est un
"bä-yül" en tibétain, ce qui signifie le
pays caché. Colonisé dès le X° diècle
par les Tibétains jusque vers 1800, il devait toutefois payer
tribut aux royaumes voisins de Lo et Jumla ; Ce n'est qu'après
la soumission des ces royaumes à la dynastie Gurka que le Dolpo
fut annexé par le royaume du Népal ; Cependant, l'influence
de Kathmandu demeura longtemps insignifiante, et il fallut attendre
1963 pour que le gouvernement établisse des contacts directs
avec les Dolpo pa.
L'acclimatation à l'altitude si vous respectez les règles
de marche devrait s'effectuer progressivement. Wanchu notre sirdar
responsable de l'équipe népalaise pour Exotic Treck
qui m'a accompagné durant un de mes voyages au Mustang sera
aussi notre guide, il parle un peu français suffisamment pour
se faire comprendre et nous comprendre, il parle anglais aussi pour
les adeptes, il connaît bien cette région qu'il a parcouru
plusieurs fois.
Il a une bonne connaissance des treks et une excellente vision de
ce genre d'aventure, il faudra lui faire confiance au niveau des décisions
qu'il pourrait prendre avec concertation avec nous surtout en matière
de trajet, la précarité des sentiers et des infrastructures
liées aux conditions climatiques peut l'amener à modifier
nos arrêts et lieu de bivouac, en fonction des points d'eau
pour la cuisine et aussi en fonction de notre forme ou de notre fatigue.
Le Dolpo n'est ouvert qu'aux voyageurs que depuis 1989.Il s'étend
sur 5 500 km2 de montagnes. Protégée en son cur,
la Tarap " la vallée aux chevaux excellents " aligne
ses villages tibétains le long de la rivière de cristal.
Sur ces hauteurs, le froid rivalise avec le vent, le froid, la neige,
le soleil cuisant peut aussi rendre la vie des habitants rude et précaire.
Ici, la vie s'effectue dans des maisons forteresses sans fenêtre,
sans chauffage, où seul brûle un maigre feu de bouse
de yack. La fumée âcre est omniprésente dans ses
maisons, cherchant de gagner le trou du toit pour s'évader.
Durant l'éphémère été himalayen,
notre période, ces excellents éleveurs de yacks et de
chevaux se transforment en agriculteurs pour faire pousser l'orge,
et en caravaniers pour les traditionnels échanges (sel, grains)
avec le Tibet.
Sa population, d'origine tibétaine, n'a pas l'habitude du tourisme
de masse. La légende dit que cette région fut créée
afin de servir de refuge aux bouddhistes les plus pieux dans les périodes
troublées.
Le Dolpo est une des zones habitées les plus hautes, les plus
froides et les plus enclavées de la planète. Environ
8 000 habitants y vivent entre le haut et bas Dolpo, à quelques
vols d'oiseaux de la frontière chinoise. C'est une des dernières
régions au monde de culture purement tibétaine, épargnée
par la domination chinoise qui pèse depuis 1954 sur le versant
chinois du Tibet.
Le bas Dolpo fait office de terre d'asile pour les maoïstes,
environ 100 à 200 d'entre - eux résident dans le creux
de ces vallées. Pourquoi les Dolpo-pa ne soutiendraient-ils
pas des hommes qui s'élèvent contre un Etat et un gouvernement
qui n'a jamais rien fait pour eux ?
Elle est habitée par les Bhotyas et Dolpo-pa, terme qui signifie
" habitant du Tibet ", bien qu'ils soient népalais.
Ils sont principalement agriculteurs, éleveurs et commerçants.
Dans le Dolpo, la production d'orge est insuffisante pour nourrir
la population. Les dolpo-pa- pratiquent le troc. Les habitants du
village de Dho, partent en été avec leurs yaks et une
mesure d'orge en direction des hauts plateaux du Tibet situés
à 4600m d'altitude. Ils y échangent leur orge contre
deux mesures de sel puis redescendent dans leur village situé
à une altitude de 4130m. À l'automne, ils chargent le
sel qu'ils descendent dans les vallées inférieures du
Népal, à Jumla, situé à 2370m d'altitude.
Ils échangent alors les deux mesures de sel contre sept à
huit mesures de maïs, blé, riz ou autres denrées.
Ces cinq à six mesures de céréales gagnées
leur permettront de subvenir à leurs besoins le reste de l'année.
La région connaît depuis plusieurs années un commerce
très lucratif, bien loin de celui du sel et des céréales,
le commerce du yarsa Kum'on. Bien étrange animal que ce végétal.
En fait, le yarsa kum'on est un ver d'altitude (il vit au-dessus de
5 000 m) sur lequel pousse une plante, dont les vertus sont soi-disant
aphrodisiaques. Les Dolpo-pa ramassent chaque été cette
" bête " pour le plus grand bonheur des Japonais et
des Coréens en mal de libido. Un kilo de Yarsakumbu pouvant
se revendre jusqu'à 2 000 euros et l'on en ramasse plusieurs
dizaine de kilos chaque saison.
Ici l'unique plat des enfants et des adultes est la tsampa (la farine
d'orge grillé) est mangée crue, lapée à
même la gamelle ou mélangée au thé salé
au beurre de yack. Elle est aussi cuite en bouillie liquide dans laquelle
on jette quelques morceaux de graisse séchée ou en pâte
épaisse qu'on roule en boule dans la main avant de la manger.
La viande est rare car le bétail constitue la seule richesse
de ces populations qui bouddhistes de culture, n'apprécient
pas l'abattage des animaux. Ovins et bovins fournissent la laine des
couvertures et des vêtements, le lait pour la fabrication du
beurre qui agrémente le thé (miam, miam, à avaler
sans déguster
ne pas garder en bouche
), ainsi que
du fromage séché, dur comme de la pierre, qu'on garde
pour les périodes de pénurie.
Leur vie religieuse est organisée sur le modèle tibétain,
ils sont donc bouddhistes lamaïstes.
Le bouddhisme au Népal est connu sous le nom de lamaïsme,
le bouddhisme tibétain ( une des branches du Grand Véhicule
connu sous le nom de Vajrayana ou Véhicule du Diamant) ;
L'originalité du lamaïsme tient entre autres choses au
fait qu'il se soit approprié les croyances et les pratiques
magiques ancestrales du monde tibétain. De nombreux éléments
de rites et de la symbolique bön ( la religion ancestrale du
Tibet) ont été assimilés dans le lamaïsme,
ce qui explique le nombre de peintures ou de dieux aux allures féroces,
à l'origine des démons de la religion bön, qui
sont propres au panthéon tibétain. Fréquents
également sur le bord des sentiers, les empilements centenaires
de mani, les pierres gravées où l'on retrouve soit la
roue de la vie, soit le mantra "Om Mani Padme Hum", formule
sanskrite, littéralement "le Joyau dans le Lotus",
le mantra le plus important du bouddhisme tibétain, qui symbolise
le joyau de l'illumination et de la sagesse se développant
au coeur du lotus de la conscience humaine.
Les Bhotyas se distinguent des autres Népalais par l'institution
de la polyandrie qui permet à une femme d'avoir simultanément
plusieurs maris, toujours frères. Ce qui fait que Martine et
Régine n'ont donc pas de chance
mais comme le prétend
le bouddhisme et cela mérite une méditation : le monde
et les êtres sont éphémères, tout change
d'instant en instant. Il n'est rien dont l'existence ne soit garantit
au-delà du présent
Il y a trois grandes illusions
: - croire en la permanence des êtres et des objets, - l'égocentrisme,
" moi centre du monde ", - croire en un " moi "